Faut-il prolonger le nucléaire en Belgique?

Par Edward Burla, Etudiant en 5ème secondaire en Sciences économiques (Notre-Dame des Champs, Uccle)


En ces temps de crise, on remarque que les prix des énergies augmentent de plus en plus. Ainsi, dans le cadre de l’énergie électrique, une problématique fait encore et toujours la une des journaux : faut-il prolonger le nucléaire1 en Belgique? Ainsi, Michel Gassée a interviewé un chef économiste d’une banque danoise (précisément la Saxo Bank) s’appelant Christopher Dembik dans son émission.

Pour lui, la stratégie énergétique2 que la Belgique a mise en place et qu’elle utilise actuellement n’a pas de sens. Il affirme :” en ce moment, tout le monde veut aller vers les énergies renouvelables*3 ce qui est complètement nécessaire. Le seul problème, c’est que cette mise en place nécessite beaucoup de temps.”. En effet , les prix d’énergie sont très élevés et pour contrer ceci, il faut opter pour cette solution. Par conséquent, la Belgique ne peut enlever le nucléaire1 de cette stratégie. L’enlever nécessiterait trop de fonds. D’après Jeroen Van Horenbeek, journaliste pour le journal “De Morgen”, il faudrait au minimum 30 milliards d’euros pour enlever le nucléaire en Belgique.

Ce qui est vrai, c’est de dire que dans 20 ou 30 ans, on aura des avancées technologiques beaucoup plus élevées que maintenant et donc, on pourra cesser l’utilisation du nucléaire1 sans pour autant ne plus avoir d’énergie et sans que les prix augmentent brutalement. Pour l’instant, arrêter le nucléaire1 serait une très mauvaise idée, car effectivement, un pays comme la Belgique deviendrait complètement dépendant en termes d’énergie d’autres pays qui en produisent. Si ce changement arrivait, les prix de l’énergie augmenteraient encore plus dramatiquement.

À ceci, s’ajoute la question suivante : est-ce que le risque de disponibilité4 est important sachant que la Belgique compte importer par exemple l’électricité de France ?

Si on se réfère aux stratégies énergétiques2 que les pays européens ont annoncées, il y en a 2 en particulier qui sont risqués : La Belgique et l’Allemagne. En ce qui concerne la Belgique, le plus gros risque est l’approvisionnement de pays externes. En effet, ceux-ci devront augmenter grandement leurs capacités de production5 ce qui n’est malheureusement pas donné à tous les pays. C’est pourquoi le risque de blackout6 est élevé. Ainsi, on peut aussi se demander si les énergies pourraient être importées d’autres pays plus lointains même s’il est possible d’en obtenir grâce à des pays européens. Cependant, le prix de l’importation de ces énergies est encore remis en question.

Du côté du gaz, il y a aussi un grand risque. C’est bel et bien le cas, car si on demande à ce qu’une centrale à gaz7 soit opérationnelle sans pour autant qu’elle soit déjà construite, il faut plusieurs années pour qu’elle soit fonctionnelle. Pendant ces années où elle n’est pas encore prête, le risque de blackout6 est très très élevé quel que soit le montant de l’investissement que le pays a mis en œuvre. Ce risque est encore plus élevé si les conditions climatiques sont mauvaises et qu’elles varient du jour au lendemain. C’est par exemple le cas de l’Allemagne, mais aussi de la Belgique. La construction d’une centrale à gaz7  dès aujourd’hui est donc remise en question notamment au niveau de l’écologie ; utiliser du gaz pour produire de l’électricité est une aberration écologique.

Encore un point qui peut tout changer, c’est la question de la politique et de la géopolitique8. En effet, pour l’instant, la majeure partie du gaz européen provient de Russie. On en est donc extrêmement dépendant. Cependant, avec les conflits qui se passent entre Ukraine et Russie, on observe que le gaz devient de plus en plus cher, car il y en a de moins en moins. Heureusement, il y a encore la Norvège sur laquelle on peut compter. Le problème est que d’ici 10 ans, la Norvège atteindra son pic de production9 et donc, notre dépendance sera plus grande qu’actuellement.

Le troisième fournisseur plausible est l’Algérie mais, celle-ci ne peut augmenter grandement ses capacités de production5 afin d’avoir du gaz à exporter pour des raisons économiques. Ceci veut donc dire que nous reposons sur une partie des capacités russes à produire même si une grande partie de notre gaz provient du Qatar et des Pays-Bas qui acceptent de nous le vendre.

Toutefois, il est possible d’acheter du gaz naturel liquéfié10 , mais celui-ci est assez cher et c’est la Chine et le Japon qui acceptent de le produire et de le vendre. Si le prix du gaz est plus cher, le prix de la facture le sera aussi. C’est donc pourquoi, la Belgique et tous les pays autour refusent de faire ce choix.

En conclusion, on remarque que faire le choix d’arrêter le nucléaire en Belgique ne serait pas une bonne idée, car en enlevant cette possibilité à produire de l’électricité, il faut en trouver une autre. Cependant, il faut beaucoup de temps pour réfléchir à une alternative et pouvoir la mettre en place que ce soient les énergies renouvelables ou bien les centrales à gaz qui pourraient potentiellement remplacer ces centrales nucléaires. À tout ceci, s’ajoute l’aspect économique qui est aussi un facteur majeur. Même s’il est possible à l’heure actuelle de remplacer le nucléaire, il faut encore un peu attendre afin de faire le bon choix.

Lexique économique :

  1. Nucléaire : Relatif à l’énergie qui en est issue ainsi qu’aux techniques qui utilisent cette énergie.
  1. Stratégie énergétique : Art de coordonner des actions, de manœuvrer habilement pour atteindre un but qui est ici l’énergie .
  1. Energie renouvelable : Se dit de formes d’énergie renouvelables telles que l’énergie solaire, le vent, les marées, la biomasse. Celle-ci est susceptible d’être renouvelé
  1. Risque de disponibilité : Risque de quelque chose qui n’est plus disponible .
  1. Capacité de production : Puissance qu’a quelqu’un, un groupe , un pays dans le domaine de production .
  1. Blackout : Arrêt général de la fourniture d’électricité pour toute une région.
  1. Centrale à gaz : Ensemble d’installations constituant une usine génératrice de gaz .
  1. Géo-politique : Étude des rapports entre les données de la géographie et la politique.
  1. Pic de production : En économie, on parle de plus en plus de pic de production pour désigner le moment où la production d’une ressource atteint un maximum, à partir duquel elle baisse de façon irréversible par suite de l’épuisement de la ressource.
  1. Gaz naturel liquéfié : Le gaz naturel liquéfié (abrégé en GNL, ou LNG de l’anglais liquefied natural gas) est du gaz naturel de qualité commerciale condensé à l’état liquide.

Bibliographie :

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